jeudi 18 octobre 2007

CM 1 rhétorique : INTRODUCTION GENERALE

Pour son premier cours, Mme Denis nous propose une introduction générale à ce module, mêlant étroitement deux matières qui se situent en fait aux frontières de nombreuses autres.

Rhétorique ET stylistique. Ce "et" se veut problématique...

¤ La stylistique est-elle une discipline, une technique, etc ? Tout au moins, c'est une pratique autour du "style". Le mot est tardif, pris de l'allemand à la fin du XVIIIème. Ona souvent dit que la stylistique a pris le relais quand la rhétorique épuisée. Filiation chronologique ? Discutable...

¤ Elles se réunissent autour d'une stratégie discursive. Les deux se demandent comment le texte emporte l'adhésion de son lecteur ou de son auditeur. L'adhésion... est-ce l'équivalent de la persuasion ? Est-elle vraiment de même nature ?

¤ Les 2 s'interrogent sur l'argumentation et sont invitées à s'interroger sur la véracité => adéquation ?

¤ Quels effets produisent-elles ? Que se passe-t-il ? A quoi aboutit-on ? Pourquoi peut-on être bouleversé par un texte ?

¤ Situation d'énonciation : le cadre est important. Qu'est-ce qui légitime la prise de paroles ?

¤ Réflexion sur l'image constuite à partir d'un texte. Un texte produit une représentation de son énonciateur --> celui-ci élaborera aussi des stratégies pour cela.



Une filiation directe entre la rhétorique et la stylistique pose pas mal de problèmes. Il semble mieux de penser leur relation comme un dialogue.
¤ A partir du moment où l'on réfléchit depuis l'aval vers l'amont, on ne peut qu'avoir une vision téléologique, avec une pseudo-disparition inévitable de la rhétorique --> FAUX, l'existence même de ce cours le montre !
¤ De plus, datation hétérogène ! Et la rhétorique a quand même 25 siècles derrière elle.
¤ Il existe aussi des revues spécialisées et des sociétés savantes de rhétorique.
¤ L'objet, de plus, n'est pas le même. Stylistique est djéà une pratique (même si dire cela est trop limité) n'ayant qu'un petit domaine commun avec la rhétorique : l'elocutio. Il faut donc aller au-delà quand on parle du "style" --> faut pas avoir une vision réductrice comme ornementation mais plutôt inscription (au sens étymo) --> permet d'échapper à l'impasse.
¤ Enfin, leurs projets diffèrent. La rhétorique est avant tout une technique de prodction de discours, pour écrire; Alors que la stylistique est une pratique d'analyse qui ne nous pousse pas à écrire ! Donc, grande différence tout de même. Cependant, les rhéteurs ont théorisé une seconde rhétorique, d'analyse.
La rhétorique est un art du discours (art vu comme ars, savoir-faire latin), persuasif --> mais pas pour rien et avec des moyens --> c'est une réflexion contextualisée, centrée surtout sur la réflexion.

ATTENTION : Ne pas tomber dans le mode "boîte à outils" face à un texte.
Dans l'Antiquité tardive et au Moyen-Age avec la scholastique, l'enseignement des étudiants se faisant dans les arts libéraux, au détriment des arts mécaniques.















Quadrivium


Trivium


Arithmétique


Grammaire


Géométrie


Rhétorique


Astronomie


Dialectique (dia logos)


Musique (science de l'harmonie)






I RHETORIQUE ET GRAMMAIRE.

Qu'est-ce qui les différencie ?

Qu'est-ce qui les rapproche ?

--> elles s'opposent au raisonnement mathématique dont les prémices sont vraies / Leur prémice est ignorance.
--> De plus, modalité conflictuelle dans les 2 avec contradictin.

MS c'est dans ce dernier point qu'il y a des différences.

1) Sur le plan des situations discursives.

¤ La dialectique : d'abord une joute verbale à coups d'arguments avec un public (la disputatio) . Il y a réellement une situation de dialogue, dialogue héristique ou agonistique avec un "pro" et un "contra". Défense d'une thèse par un défendeur avec l'autre qui cherche à éliminer les arguments de l'autre (sans chercher à montre qu'il a lui-même raison).

¤ La rhétorique : elle ne met pas en scène deux partis ; il n'y a pas de dialogue, pas d'argument tour à tour.

2) Sur le plan des domaines d'application et des procédures.

¤ Dialectique :
-Traite de propositions générales, les thèses (thesis, ce qu'on pose) qui sont par essence discutables mais probables (=dont on peut faire la preuve au sens étymo)
-S'impose un cahier des charges assez exigeant avec, par exemple, un enchaînement travaillé avec des arguments différents. Le protocole est très rigoureux. Il ne faut pas qu'il y ait erreur ou triche.


MODELE = SYLLOGISME
ex : Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme donc Socrate est mortel.
Ca, c'est un syllogisme sans faute mais il peut y avoir glissements sophistiques...
¤ Rhétorique :
-Traite de propositions particulières, pas générales = les hypothèses. Sont vraisemblables mais pas vérifiables.
-Pour entraîner l'adhésion, sait qu'elle va avoir besoin d'autre chose.
MODELE IDEAL = ENTHYMEME
Laisse la ccl en suspens (adhésion + forte) ou très ramassé sur lui-même.
ex : "Je t'aimais inconstant qu'aurais-je fait fidèle ?" (Racine)
II RHETORIQUE ET GRAMMAIRE.
¤ Renvoi au trivium.
- Au départ, grammaire = B-ABA de la parole. Mais si on s'en tient là, où est la friction ?
- Très vite, la grammaire s'est étendue à la science des textes, la philologie. ON est passé de l'étude de la lettre écrite à la lettre comme texte et mise en place des théories.
- Ainsi, la notion de correction linguistique est apparue dès la Grèce Antique --> c'est un instrument d'évaluation. Or, ce n'est pas inconnu de la rhétorique... --> pour être intelligible, faut respecter le code comun d'où une triade qui s'énonce très tôt :
Correction - Clarté - Pureté de la langue
Elle engage la correction en commun avec la grammaire. MS c'est une présupposé pour elle. Tandis que, pour la grammaire, c'est un objectif.
¤ Les figures : la grammaire ne pouvait faire uniquement que remarquer les entorses à la grammaire des figures de rhétorique : elle a donc étudié grammaticalement les figures. La rhétorique, elle, les étudie de façon systématique.
III RHETORIQUE ET POETIQUE
¤ Poétique = terme très ambigü.
-Aristote avait distingué dans sa Poétique :
* l'historien : a en charge le domaine des faits attestés.
* l'orateur : ne s'occupe pas des faits attestés --> il est engagé dans le débat présent même si peut s'occuper de faits passés, présents ou futurs.
* le poète : n'est pas engagé dans une actualité, ils construit du possible ("la fiction")
Quand Aristote rédige sa Rhétorique, s'intéresse aux preuves et surtout à un sul type de preuves, es preuves techniques, c'est-à-dire celles qui engagent le savoir-faire de l'orateur.
- Le point de contact est que les 2 s'intéressent à l'art du verbe. Elles ont très vite été en contact. Ainsi, on peut penser la fiction... en termes rhétoriques. De plus, très vite, la poétique a été obligée de prendre en charge des notions qui n'étaient pas de son origine (ex : pour faire parler tel ou tel personnage de façon vraisemblable) --> réflexion sur l'effet produit, not. autour du pathos --> la rhétorique pose la question : "qu'est-ce qui fait que je provoque de slarmes" par ex.
¤ Rhétorique a donc du réfléchir sur les passions => tous les traités de rhétorique ont un chapitre qui leur est consacré.
--> Qu'en est-il de la plce de la poétique dans le trivium ? Aucune place prévue... Alors, on l'a réduite et appelée "art de 2nde rhétorique".
--> Qu'est-ce que "les grands rhétoriqueurs" ? Eh bien, en fait... des grands poètes !
--> On ne peut se passer de l'hypothèse qu'à un moment la rhétorique s'est poétisée. S'est d'abord apauvrie quand dégénérescence des régimes démocratiques. Il lui reste le plaisir de la belle parole, des paradoxes : quand plus d'enjeu politique, il reste un enjeu esthétique. Ainsi, il y a eu plein de traités au moment de la Renaissance qui disent cela => tout l'arrière-plan logique a disparu.
CONCLUSION :
Les points de contact sont aussi très importants entre la rhétorique et la philosophie ( + la stylistique) :
- Réflexion sur les paralogismes à partir de Locke et sur toutes les stratégies mensongères + paradoxales (A + non-A).
- Dimension contractuelle de la politique : pour constituer une civilisation civile, on peut pas le faire de force, faut entraîner l'adhésion mais pas de manière trompeuse.
- Autour de l'épistémologie, histoire des sciences : peut être réducteur de penser science comme réflexion vérifiable à chaque instant --> elle a peut-être besoin de procédés rhétoriques.

2 commentaires:

Le chapelier fou a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Zabou_pdlg a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.